Le Grand Secret, de Christos
Je tiens tout d’abord à remercier la Masse Critique
de Babelio et les éditions Alice de m’avoir envoyé Le Grand Secret.
Bien que j’ai lu ce livre en peu de temps – quelques
heures ont suffi, j’ai eu du mal à me pencher sur l’écriture de cette
chronique. Le problème, c’est que, si l’idée de base est bonne, ainsi que
quelques idées adjacentes, j’ai trouvé l’écriture maladroite.
Cette idée, dont je ne peux pas parler parce que sa
révélation progressive structure le récit, m’a attrapée aux deux-tiers du
roman. Je la trouve maligne et prometteuse d’une longue série d’aventures pour
Joris, le jeune héros du livre. Le rôle attribué à la mère de Joris est aussi
très intéressant : c’est une mise en abîme du métier d’écrivain, et plus
généralement d’artiste.
Cependant, la narration est très maladroite.
Commencer par un rêve fantaisiste, avant même que le
lecteur n’ait constaté la réalité dans laquelle vit le héros, m’a mise sur une
fausse piste et m’a perdue : ce procédé m’a du coup semblé manquer de
clarté.
De même, la narration tourne longuement et assez
grossièrement autour de la révélation.
Par ailleurs, les dialogues entre Joris et ses
parents, au petit-déjeuner par exemple, m’ont paru dénués de vraisemblance et
de spontanéité, même si l’amour débordant de la mère de Joris m’a fait sourire.
De plus, l’initiation de Joris manque de profondeur.
La partie théorique est évacuée dans le passé du garçon : nous n’en avons
que des morceaux frustrants. Je ne peux pas m’empêcher de comparer cette
initiation à celle qui a lieu dans Pisteur
de Orson Scott Card, qui est tellement travaillée, en profondeur. Dans Le Grand Secret, la partie pratique est
elle aussi rapidement effleurée et j’aurais aimé qu’elle soit plus développée. Et
là, je la compare à l’initiation des héros de Harry Potter, comment on leur
apprend à dompter les créatures, à s’adapter à l’univers fantastique dans
lequel ils vivent. Alors, bien sûr, mes deux sagas de référence sont en
plusieurs tomes volumineux et Pisteur est
écrit pour les adultes. Toutefois, s’il est vrai que les enfants peuvent
combler les manques de la narration avec leur propre imagination, comme
moi-même j’ai pu le faire en recréant l’univers de Narnia, en en oubliant l’écriture moralisatrice, je pense qu’un
auteur peut être exigeant avec ses lecteurs et avec lui-même, qu’il ne doit pas
sous-estimer l’intelligence des enfants et, dans une volonté de clarifier les
choses, les simplifier à l’extrême. Je ne pense pas que c’est forcément ce qu’a
voulu faire Christos, je pense plutôt à de la maladresse.
Enfin, du point de vue de la macrostructure de la
série, j’ai aussi des réserves. Selon moi, une bonne saga, surtout
actuellement, s’appuie sur un univers dont on ne montre qu’un morceau, très
parcellaire, sans que le lecteur n’en soit conscient. Puis, l’auteur amène
habilement le lecteur à se rendre compte que l’univers est beaucoup plus
complexe qu’il ne l’a cru au premier abord et c’est ainsi que la série
rebondit, par complexification progressive. Dans ce livre, après la révélation
dont je ne peux pas parler, plusieurs allusions laissent entendre que l’univers
mythologique est loin d’être le seul auquel Joris sera confronté. Pour moi, c’est
trop tôt.
Donc, je peux saluer l’idée de Christos tout en
regrettant ses maladresses d’écriture.
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