Les Cartographes, de S.E. Grove
- Mais pourquoi ? me
direz-vous. C’est quand même plus difficile quand c’est un livre qu’on n’aime
pas ou sur lequel on a un avis mitigé !
Bah non ! Pas pour moi !
J’ai l’impression que j’aurai bien du mal à faire passer les impressions que j’ai
eues et que ça gâcherait en quelque sorte à la fois le livre que j’ai lu et la
lecture que j’en ai faite.
Mais passons par-dessus tous ces
obstacles ridicules et lançons-nous gaiement !
J’ai adoooOoooré les Cartographes de S.E. Grove, que j’ai
lu en lecture commune avec @LangueDeChat_C du blog "Langue de chat" et dont vous pourrez lire l'avis ici. Comme d’habitude, j’ai démarré au quart de tour puis me suis lamentablement
fait rattraper en milieu de parcours, pour finir de manière assez poussive. Il
faut dire que j’ai achevé ma lecture en même temps que mon année scolaire, qui
m’avait déjà bien entamée, si vous voyez ce que je veux dire... Difficile d’avoir
la disponibilité intellectuelle qu’une telle merveille réclame.
D’abord, ce sont les couleurs de
la couverture des Cartographes qui m’ont
tapé dans l’œil (Je suis une fétichiste des couvertures, vous devez commencer à
le savoir maintenant. Un jour, me soignerais, mais pas le temps, là...). Il ne m’en
fallait pas plus pour avoir envie de le lire. Alors quand Mademoiselle Langue
de Chat m’a dit : « ça tombe bien, c’est mon anniversaire, le mois
prochain et j’ai très envie de le lire. », je me suis retrouvée « piégée »,
malheureuse que je suis...
Mais de quoi dont ça parle que ce
livre ? On peut dire aujourd’hui que l’exploration de leur propre planète n’est
plus possible pour les êtres humains, que si l’on veut taper dans l’exaltant,
il faut voir loin, le système solaire, la galaxie, mais que c’est loin, que c’est
long et que cela coûte cher ! Les grands fonds sous-marins nous échappent
encore, et avec eux, quelques grands spécimens inconnus mais comme les
scientifiques nous font part régulièrement de leurs extraordinaires
découvertes, dignes d’un effet spécial hollywoodien, il ne nous prend plus l’envie,
à nous citoyens lambda, d’aller voir par nous-mêmes ce dont regorge notre
planète. Même nos destinations de vacances sont exotiques mais finalement très
standardisées.
Alors, imaginons que nous soyons
transportés dans un siècle rongé par la curiosité et où l’exploration est
encore la base de toutes les connaissances sur le monde, mettons le XIXème
siècle. Imaginons à présent, qu’un grand cataclysme ait littéralement
redistribué les cartes un siècle plus tôt, mélangeant joyeusement toutes les
périodes historiques passées, présentes et futures et les redispatchant, une en
Amérique, l’autre en Europe, etc. Dès lors, les expéditions, qui sont déjà sur
le point de s’achever, repartent de plus belle. Dès lors, les enjeux sont de
taille : il faut partir en expédition pour cartographier les nouvelles
zones temporo-géographiques. Voilà l’idée sensationnelle qu’a eu S. E. Grove, l’auteure
des Cartographes, une dame qui a une
solide formation d’historienne et de géographe.
Sur cette base, S. E. Grove,
imagine une orpheline, Sophia, qui vit avec son oncle, Shadrack, à Boston. Les
parents de la fillette sont partis en expédition et ne sont jamais revenus.
Sophia continue de croire à leur retour et les attend sagement, sauf que les
choses s’accélèrent. Voilà qu’il prend l’envie au Parlement de fermer les
frontières du Nouvel Occident (Dans cette version revisitée, les Américains
reprennent le flambeau des Européens, bah
tant qu’à faire, fantasmons un peu, Messieurs !) et que Shadrack est
enlevé par de mystérieux hommes dont une cicatrice agrandit le sourire jusqu’aux
oreilles. Accompagnée de son ami Théo, étranger venu des Terres Rases, Sophia
se lance à la poursuite de son oncle et d’une mystérieuse carte susceptible de
retracer l’ensemble du monde, mais aussi de le modifier irrémédiablement. L’aventure
commence alors : expéditions, courses-poursuites, rencontres inopinées,
départs et retours imprévus. La course est folle, les rebondissements
imprévisibles. Le lecteur guette tous les personnages, d’un œil suspicieux :
serait-ce lui, ou lui, le vilain méchant qui a enlevé Shadrack ?
J’ai été ravie par le concept de
redistribution des cartes, ravie d’avoir affaire à un roman d’aventures
haletant et particulièrement bien construit. L’auteure des Cartographes n’a cessé de me mener par le bout du nez ; je n’ai
jamais rien vu venir, c’est dire ! Chaque paragraphe est une mine d’or en
matière de construction imaginaire et de surprise narrative. Ainsi, cette idée selon laquelle
les cartes peuvent s’écrire sur tout un tas de supports différents, autres que
le sempiternel papier et qu’il faut parfois trouver le code avant d’être à même
de lire la carte en question est à tomber !!!! Et ce personnage principal
qui nous semble immédiatement sympathique parce qu’il a un rapport si
particulier avec le temps : Sophia ne perçoit pas l’écoulement de manière
banale : les heures peuvent filer comme des secondes et les secondes s’allonger
comme des heures !!!! C’est une sensation vraiment universelle, sur
laquelle S.E. Grove a su mettre le doigt.
Il faut le dire : Les Cartographes est de la grande littérature
jeunesse. Tour à tour, ce livre m’a fait penser à ceux de Jules Verne, aux Eveilleurs de Pauline Alphen mais aussi
à la nouvelle Retour au Pays de Robin
Hobb. Son inventivité dans la construction d’un univers complexe m’a renvoyée à
la trilogie de Philip Pullman, A la
Croisée de mondes. Mais si ce livre noue des liens étroits avec toutes ces œuvres,
et sans doute d’autres qui ne me sont pas venues à l’esprit, jamais la
comparaison n’a été à son désavantage, jamais ! Car c’est avec brio que
S.E. Grove mène sa barque dans cet univers de fantaisie historique.
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