A quoi bon une saison 2 à Westworld ?
ATTENTION ! ATTENTION !
Spoilers !!!
A ne lire que si vous avez vu l’intégralité
de la saison 1 !!!
Après le dernier épisode de la saison 1 de Westworld, me voici à table, en grande
conversation avec le Chouchou. Ou plutôt en train de disserter sur la
possibilité d’une saison 2. Parce que, oui, Mesdames et Messieurs, j’ai lu un
article sur Twitter (Mea Culpa, je ne me
souviens plus de sa provenance...) : HBO fonderait ses espoirs sur Westworld pour prendre la relève de Game of Throne en 2018 quand cette
dernière série arriverait à son terme.
Hein ? Mais
rien à voir ! je rétorque, tout haut. On
ne peut pas comparer un univers construit sur plusieurs milliers de pages et
des années de travail et le remake, même travaillé, de deux films des années 70 !
Et c’est parti ! Je me mets à déblatérer :
Pourquoi il ne peut y avoir de
saison 2 que décevante ?
Selon moi, la saison 1 est excellente et peut se suffire à
elle-même car la boucle est bouclée.
D’accord, la saison 1 présente une fin ouverte, qui laisse
aux spectateurs le soin d’imaginer la suite. Mais ça ferme quand même la boucle !
Les deux créateurs du parc sont bel et bien morts. Les hôtes se libèrent. Les
visiteurs se découvrent eux-mêmes en parcourant le parc. Enfin, on termine sur
des valeurs importantes : la libération des opprimés, l’émergence de la
conscience artificielle, le pardon du créateur, la résilience de Maëve, la
tenancière de bordel.
Alors oui, le massacre du comité est
encore en cours. Les hôtes sont encore à la lisière de la forêt et certains
intrigants n’ont pas eu leur compte encore : Charlotte Hale, qui vole la
propriété intellectuelle de Ford et Arnold, est toujours en vie ; l’homme
en noir a enfin le défi qu’il attendait de relever depuis si longtemps :
un monde où les perdants ne seraient pas désignés d’avance et où gagner se
ferait réellement au mérite.
Mais a-t-on vraiment besoin d’assister à l’intégralité du
massacre ? Selon moi, non. Charlotte Hale est faite pour les intrigues de
palais, pas pour survivre à un massacre. L’homme en noir est à l’aube de son rêve.
Alors oui, l’opération « Evasion »
n’est pas achevée. Mais il faut dire qu’elle tombe un peu à plat, vu que Maëve,
la tenancière de bordel, renonce à son projet de conquérir le monde (C’est Minus et Cortex, Cortex le génie, Minus
l’abruti, son ambition profonde, c’est d’conquérir le monde...). D’accord,
le redoutable duo de hors-la-loi est toujours dans les labos et risque de faire
pas mal de dégâts avant... bah avant d’être démantibulés à la mode Terminator
et d’être remisés gentiment à la cave, ou reprogrammés. De toute façon, Maëve,
chef de commando autoproclamée, avait décidé de partir en solo à la conquête du
monde extérieur : ils n’auraient jamais pu sortir.
Fin ouverte, oui, mais on devine aisément la suite.
Et puis toutes les intrigues sont résolues.
On sait qui vole les données.
On connaît enfin l’identité de Wyatt et de l’homme en
noir.
On est arrivé au bout du labyrinthe.
On sait qui est à l’origine des défaillances des hôtes et
les amène petit à petit à la conscience.
On a découvert en quoi consistait le génial scénario
imaginé par Ford.
Et nous avons accompagné chaque personnage jusqu’au bout
de son chemin.
Dolorès, la jeune première qui tournait en boucle sur la
beauté du monde, a montré toutes ses facettes, de la tendre et respectueuse
fille à son papa à l’instrument de mort manipulé par Arnold, en passant par l’amante
passionnée. Elle a aussi eu le droit à son triangle amoureux, même si, on est d’accord,
ça ne s’est pas joué de cette façon. Elle est remontée dans ses souvenirs, a
fait les découvertes qu’elle devait faire pour arriver au bout du labyrinthe qu’Arnold
lui avait réservé. Le spectateur constate avec ravissement qu’elle atteint
enfin l’état de conscience dont le créateur avait toujours rêvé pour sa
créature.
On peut supposer que Maëve également est arrivé au centre
de son labyrinthe. Maintenue dans la position de tenancière de bordel maligne,
mais pas trop, elle se libère de son scénario, rencontre les dieux qui l’y
enferment et décide de s’en libérer aussi et de voir leur monde. Quand
finalement, on apprend que quelqu’un a programmé ce nouveau scénario pour elle
et qu’on se dit qu’elle reste malgré tout une marionnette, elle décide, contre
toute attente, de retourner dans le parc pour y retrouver sa fille. D’accord, d’accord,
on peut y voir une manipulation de la part du technicien pour contenir l’hôte
mais il faut reconnaître qu’elle sort quand même de son scénario.
Féministe, n’est-ce pas, ce choix de libérer les
consciences des femmes quand les hôtes hommes ne comprennent rien à ce qu’il se
passe ? Il n’y a qu’à observer le regard perdu de Teddy lors de l’attaque
des hôtes et les propos rassurants susurrés à son oreille par sa chère et
tendre Dolorès.
Après être apparu comme un dieu despote omniprésent, omniscient et omnipotent, le génial Ford se transforme en bon génie et poursuit l’œuvre entamée par son associé Arnold : libérer les hôtes. Il a trouvé le plus sûr moyen de fermer le parc en créant le scénario le plus scandaleux jamais inventé : la tuerie du comité par les hôtes et la mise en scène, toujours par un hôte, de sa propre mort.
On a suivi le cheminement de l’homme en noir de bout en
bout, même si sa narration a eu lieu à rebours. Il est celui qui a décidé de
jouer à un autre jeu que les simples visiteurs, un jeu qui finalement ne lui
est pas réservé. Il est l’homme amer, aigri, qui un jour a décidé de perdre ses
illusions en l’être humain et en la capacité des hôtes à avoir une conscience.
William a mal tourné, quelle tristesse !
Teddy et Bernard restent ce qu’ils étaient au départ :
des marionnettes ballottés d’un côté puis de l’autre.
La boucle est bouclée. Les scénaristes nous ont bien
retourné le cerveau : ceux qu'on croyait sympathiques se sont révélées des
ordures et ceux qu'on détestait cordialement nous sont devenus sympathiques.
Par ailleurs, la question de fond a été bien épluchée :
l’intelligence artificielle est susceptible d’être au moins aussi humaine, si
ce n’est plus, parfois, que les humains eux-mêmes. Les frontières entre hôtes
et êtres humains sont apparues particulièrement ténues, quand une idylle entre
Billy l’humain et Dolorès l’hôte est née. La récurrence des violences gratuites
perpétrées à l’encontre des hôtes par les visiteurs, associée aux cauchemars
des hôtes (agression sexuelle, meurtre...) a bien mis en valeur l’inhumanité
des êtres humains tout en faisant ressortir la sensibilité des machines qui
servent à leurs plaisirs. Enfin, on s'est laissé prendre au piège de Bernard,
second de Ford, puis hôte lui-même et enfin, fac-similé de l’associé Arnold.
Tout a été dit. Les ficelles ont été tirées.
Magistralement.
Alors, que pourrait-il donc bien se passer de nouveau dans
la saison 2 ?
Bah oui, les invités ont fait le tour du parc, nous aussi. Finies
les quêtes individuelles des invités, les amours impossibles, les preuves de
courage et l’exotisme de l’univers.
Bah oui, les créateurs sont morts ! Et leurs opposants aussi
(Theresa) ou en passe de l’être (Charlotte Hale) ! Finies, les intrigues
de pouvoir dans les coulisses du parc ! Quel petit génie idéaliste et
monomaniaque pourrait donc prendre la suite ? Le petit ingénieur asiatique, qui
a su faire voler un oiseau en panne et semble s’être pris d’affection pour Maëve
? En a-t-il seulement les compétences techniques ? L’imagination
nécessaire ? Ce qu’il n’a pas surtout, c’est l’audace, vu comme il suit
respectueusement Maëve...
Bah oui, les hôtes sont sur la voie de leur libération mentale et
physique. Finie la quête de libération des hôtes. Ne me parlez même pas de l’évasion,
qui a été avortée, et qui serait l’intrigue centrale de la saison 2 ou, au
moins, l’une des deux trames narratives avec autre chose. Parce que là, je
rigole : on se referait donc un I-Robot,
un Real Humans ? Nannnnnnn...
Sauf...
Sauf si...
J'ai vu le premier film à l’origine de Westworld :
Mondwest. Je tiens à préciser que je ne suis pas venue à bout du second, qui m’a
ennuyée dès les premières minutes.
Sauf si, donc, la nouvelle saison se passe
dans l'un des deux autres univers ? L'Antiquité ou le Moyen Age ? Dans ce cas,
ce sera la perspective de découvrir une nouvelle époque, un nouveau décor, de
nouvelles coutumes, de nouveaux hôtes, de nouvelles intrigues. Et pourquoi pas avec
les mêmes acteurs, tiens ! Comme dans American
Horror story qui réemploie les mêmes acteurs pour représenter d'autres
personnages dans une autre histoire ?
Dans ce cas, il y aurait une autre plateforme de gestion
et donc d'autres intrigues en coulisses ? Mais sans les créateurs, ce serait un
peu des querelles de poulailler, non ?
Et puis tout cela ne risque-t-il pas d'être somme toute
répétitif ? Ainsi, on ajouterait une amitié qu'on met à l'épreuve, une histoire
d'amour, des rapports de forces ?
A moins...
A moins que...
Suite au meurtre du créateur et
au massacre des membres du comité, le parc a dû fermer. Des années sont
passées, le scandale a eu le temps de s'essouffler et quelqu'un, un ancien
employé de l’entreprise, obscur, décide de relancer le projet, à la manière de Jurassic Park : cette fois-ci, c’est
PRO.MIS : les hôtes seront MAI.TRI.SES. Et rebelote !
Rebelote, parce que moi aussi
j’ai l’impression de boucler la boucle. Dans tous les cas, la saison 2 sera un succédané
de la 1ère saison ou une redite d’autres réalisations.
... Ou je manque sérieusement
d’imagination et j’en mangerai mon chap... euh... mon écran de télévision !
(Gros gros boulot...)
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